Déchetterie Nationale de Mavrovo

Vous vous rappelez de l’article sur la Roumanie et ses déchets ? On avait été sévère parce qu’en colère et que c’était le début de notre voyage dans les Balkans. On avait encore rien vu ! On a enragé contre le comportement des grecs qui balancent tout par la fenêtre de leur bagnole : depuis la sortie d’Athènes, nous n’avons pas fait 100 mètres sans voir des bouteilles, des canettes, des gobelets joncher le bord des routes ! Et puis on est arrivé en Macédoine, et là les enfants c’était un festival ! Il y en a partout… Nous avons traversé le parc national de Mavrovo : c’est un dépotoir ! Pourtant à l’entrée du parc il y a une belle pancarte avec tout ce qu’il faut pour expliquer aux adultes comment se comporter dans la nature, c’est même l’article n°7 du code de bonne conduite : Ne jeter pas vos déchets, le parc n’est pas une déchetterie ! Raté… Personne n’a lu où personne ne veut lire. La route, d’une vingtaine de kilomètre, remonte la rivière depuis le lac en altitude à 1300 mètres : une rivière poubelle. Des milliers de sac plastique s’agrippent aux branches. Avec le temps les bouteilles ont formé des barrages. Les ordures ménagères se sont agglomérées formant de petits îlots trop mignons ! 20 km de poubelle donc. Arrivé au sommet, on tombe sur un office du tourisme ! On y va, on a des questions à poser ! On demande alors au mec de l’accueil : « C’est quoi ce bordel de déchets, mon gars ?! Il y en a partout, c’est dégueu, qu’est-ce qu’il se passe ? ». Il nous répond dépité : « Je sais c’est dégueulasse, les gens ici sont dégueulasses, ils jettent n’importe quoi n’importe où ! Pourtant on a des agents municipaux qui ramassent tous les jours mais rien y fait le phénomène est trop important, les gens s’en foutent ! Il y a bien eu des campagnes de sensibilisation et même des amendes (50 euro) mais rien y fait, les gens s’en foutent… C’est comme ça dans les Balkans en fait, vous verrez si vous allez en Albanie, en Roumanie, au Monténégro : c’est dégueulasse là-bas aussi ! » Nous : « C’est vrai qu’en Roumanie, il y en a partout… ».  Il enchaîne : « Ah, vous voyez ! Le pire ici c’est en été : les touristes font comme tout le monde et balancent n’importe quoi, n’importe où… ils s’en foutent ! Alors que le macédonien, quand il part en Allemagne, il jette ses ordures à la poubelle ; il respecte ! Et dès qu’il revient au pays il oublie tout… ils sont sales ! » Je lui glisse avec sarcasme : « Pourtant les gens aiment la propreté quand il s’agit de leur voiture (c’est vrai, il y a des stations de lavage de bagnoles partout jusque dans les petits villages.), en fait ils préfèrent rouler dans une voiture propre et vivre dans un pays sale ? ! » Il rigole : « Vous avez raison, je n'y avais jamais pensé : c’est vrai ! » . On termine en demandant ce qui est fait à l’école en matière d’éducation à la propreté, au tri, au civisme, tout ça. Il conclut en nous expliquant qu’il y a bien des programmes, que ça ne sert à rien mais espère que dans deux générations les mentalités auront évoluées, parce que pour l’instant les gosses apprennent un peu à l'école pendant que les parents s’en foutent encore et toujours plus à la maison. On est parti en remerciant ce gentil macédonien. Notre route a continué vers le Kosovo ou on a vu des gosses jouer au foot sur une décharge en plein centre-ville, d’ailleurs dans la cour de leur école il y a aussi une décharge… Des chefs-d’œuvre de saleté comme en Albanie à Kukës ou son lac, d’un joli bleu lac, est infesté de bouteilles de merde et autres merdes… Les exemples sont malheureusement nombreux ! 

Certains se disent peut être : " Celui-là il fait une fixette sur les déchets, de quoi il se plaint, il voyage : il a la belle vie ! Et puis de toute façon il n'est que de passage dans les pays, c'est pas lui qui va faire la révolution des poubelles ! ". A ceux la je réponds : " Merde et double-merde ! ".  Je me plains parce que je constate que depuis 4 mois environ on admire des paysages détritus, des villes poubelles, des montagnes envahies et des ruisseaux remplis de déchets... Imagine ta carte postale du Mont Saint-Michel avec des poubelles tout autour, tu n'en voudrais pas ! On ne va pas faire la révolution des poubelles mais on a le droit de s’inquiéter pour ses pays et ses habitants. On a le droit de s'interroger et puis je dis ce que je veux. C'est d'ailleurs un sujet de discussion récurent entre ma sexycliste et moi. Rien qu'à notre niveau de voyageur cyclo-sexy on produit une quantité assez importante de déchets au quotidien. Alors quand me vient la colère face à ce que je vois au bord de la route où ailleurs, on essaye d'y réfléchir. J'invoque en permanence la responsabilité individuelle : si la bouteille se retrouve dans le ruisseau c'est qu'un humain l'a jetée. Ma sexycliste approuve et ajoute la part de responsabilité des industriels qui multiplient les emballages. Je regrette que le bon sens ne guide pas la main de l'humain vers la poubelle. Ma sexycliste approuve à nouveau et complète que ce réflexe s'apprend, que ce n'est pas inné. On tombe souvent d'accord sur l'idée fondamentale de l'éducation des gosses est essentielle et j'ajoute celle adultes ! Là on est d'accord.